Le vaginisme se manifeste par une contraction réflexe et incontrôlée des muscles du plancher pelvien, empêchant la pénétration (tampon, examen médical, rapport sexuel) ou la rendant très difficile. Au-delà du corps, c’est souvent tout le lien à l’intimité qui se crispe : appréhension, évitements, culpabilité, tensions dans le couple. La bonne nouvelle ? Avec une évaluation rigoureuse, un cadre sécurisant et des exercices progressifs, on peut retrouver une sexualité plus libre, au rythme de chacun·e.
Vaginisme : de quoi parle-t-on (et en quoi ce n’est pas « que dans la tête ») ?
En sexologie, on ne réduit jamais le vaginisme à un seul facteur. La psychosomatique relationnelle décrit le symptôme sexuel comme une triple impasse : le corps « se ferme » (impasse corporelle), la relation se tend (impasse relationnelle), et l’intériorité se décourage (impasse personnelle). Sortir du blocage, c’est donc travailler sur ces trois plans plutôt que de chercher « l’astuce miracle ».
Les approches TCC (thérapies comportementales et cognitives) rappellent qu’on vise moins la « disparition magique » du symptôme que la reconstruction progressive d’un fonctionnement satisfaisant : on identifie ce qui déclenche/entretient la peur, on renforce les compétences et on avance par expositions graduées et exercices sensoriels sous relaxation, au service d’un changement durable.
Vaginisme, dyspareunie, peur de la pénétration : comment différencier ?
- Vaginisme : contraction réflexe qui bloque l’entrée ; la tentative de pénétration majore la crispation et la peur.
- Dyspareunie : douleur pendant la pénétration (entrée ou profondeur), sans nécessaire verrouillage musculaire.
Dans la pratique, ces réalités peuvent s’entrecroiser et s’auto-entretenir : plus on anticipe la douleur, plus on se crispe ; plus on se crispe, plus la douleur et l’évitement augmentent. D’où l’intérêt d’une analyse fonctionnelle précise, plutôt que d’étiquettes figées.
Pourquoi et comment le vaginisme s’installe-t-il ?
Le vaginisme est multifactoriel. Parfois, il suit des expériences corporelles désagréables (douleurs, sécheresse, gestes médicaux vécus comme intrusifs), parfois il s’inscrit dans un contexte émotionnel et relationnel (peur de « mal faire », croyances rigides, scénarios d’anticipation, communication compliquée dans le couple). Dans certains parcours, un traumatisme sexuel ancien ou récent peut être en arrière-plan ; la prise en charge est alors pluridisciplinaire et progressive (TCC, relaxation, et, selon les situations, hypnose).
L’enjeu n’est pas de « chercher la cause absolue », mais de cartographier ce qui, chez vous, déclenche la peur (idées, images, contextes, gestes, positions) et ce qui l’apaise (cadre, mots, rythmes, types de toucher), pour bâtir votre feuille de route.
L’évaluation : poser des repères (au lieu d’étiquettes)
Une première consultation vise à comprendre : histoire intime, représentations du corps et de la sexualité, qualité de la relation, symptômes associés (anxiété, évitements), et ressources déjà présentes. On explore aussi la frontière entre intime et secret et on crée un langage commun autour des sensations, pas seulement autour de la « pénétration ». Cette étape s’inscrit dans une démarche globale et individualisée, au rythme de la personne et/ou du couple.
En parallèle, on recommande un bilan médical pour repérer une cause organique (infections, vestibulodynie, suites de soins) et coordonner si besoin avec médecin, sage-femme, dermatologue, kiné/physio périnéal·e. La sexothérapie intervient en complément, jamais « à la place ».
Ce qui aide vraiment : une approche intégrative
Sécurité relationnelle et communication de couple
La peur de la pénétration s’amplifie si l’on se sent pressé·e, jugé·e, ou incompris·e. Les programmes TCC conjoints montrent l’intérêt de règles de dialogue, de messages clairs (« je »), de validation des ressentis et de micro-réparations rapides (reformuler, s’excuser, toucher apaisant) pour réduire la pression de performance et rouvrir la curiosité. Même lorsque la plainte est « sexuelle », renforcer les habiletés conjugales et l’échange de renforçateurs (gestes attentifs, compliments, gratitude) soutient directement l’intimité.
Réapprendre le corps sans objectif : sensate focus & expositions graduées
Cœur de l’accompagnement : reconnecter au corps par des expériences sans but de performance. Les exercices de sensate focus consistent à explorer le plaisir des sensations (non génitales puis génitales), sans viser la pénétration ni l’orgasme, afin de désamorcer l’hypervigilance et de réassocier le toucher à l’agréable. On ajoute ensuite des expositions graduées (de l’imagination aux gestes concrets), réalisées sous relaxation et pas à pas, en gardant la personne en contrôle (arrêt possible à tout moment, signal convenu, échelle de confort).
Des ajustements pratiques soutiennent la progression : lubrification généreuse si besoin, positions où la personne sujette au vaginisme mène la danse, rythmes lents, et, selon l’indication médicale, exercices du plancher pelvien (type Kegel) guidés par un·e professionnel·le.
Détendre le système : respiration, relaxation, pleine conscience
La contraction involontaire s’entretient avec la tension générale et l’anticipation anxieuse (« ça va se bloquer », « je ne suis pas normale »). D’où l’intérêt de routines de respiration, de relaxation brève et de pleine conscience pour rester au contact de la sensation sans lutter ni fuir, et remplacer les pensées automatiques par des auto-instructions aidantes (« je peux m’arrêter à tout moment », « je fais simple et lent »).
Et s’il y a un trauma dans l’histoire ?
Quand l’évaluation repère une empreinte traumatique (ancienne ou récente), on combine deux axes : cicatriser (travail spécifique sur les scènes traumatiques avec techniques adaptées) et équiper le présent (gestion de l’anxiété, expositions graduées, compétences relationnelles). La prise en charge est multimodale et s’inscrit dans une alliance thérapeutique sécurisante ; l’hypnose peuvent être intégrés selon les cas.
Ce qu’il vaut mieux éviter
- Forcer « pour s’habituer » : cela renforce la peur et l’évitement. On s’arrête, on respire, on revient à un scénario non douloureux.
- Chercher une solution unique (astuce/produit) sans analyse : l’efficacité vient d’un plan global et progressif.
- Silence dans le couple : personne ne devine. Parler tôt, valider, réparer vite après un accroc.
FAQ
Le vaginisme peut-il disparaître tout seul ?
Parfois l’appréhension décroît avec le temps si la pression retombe. Mais au-delà de quelques semaines/mois d’évitement, mieux vaut consulter pour éviter l’ancrage de boucles peur-tension-douleur.
Doit-on arrêter toute sexualité ?
Non. On suspend la pénétration douloureuse, mais on nourrit l’intimité (sensate focus, tendresse, plaisir sans objectif) pour soutenir le lien et la confiance corporelle.
Les exercices périnéaux sont-ils utiles ?
Oui, dans certains cas et si bien encadrés : apprendre à sentir/relâcher (pas seulement contracter) les muscles du plancher pelvien peut aider. À voir avec un·e professionnel·le formé·e.
Et si un événement traumatique est en jeu ?
La prise en charge sera multimodale (relaxation, techniques TCC, et parfois hypnose/) dans une alliance sécurisante, possiblement en réseau pluridisciplinaire.


