Dyspareunie : retrouver une sexualité sans douleur

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La dyspareunie — des douleurs pendant ou après les rapports — touche de nombreuses femmes (et parfois les hommes), et son impact dépasse la seule sphère intime : estime de soi, couple, plaisir et désir s’en trouvent affectés. Bonne nouvelle : une prise en charge globale, qui articule bilan médical, lecture relationnelle et outils thérapeutiques concrets, permet très souvent d’améliorer voire de résoudre la douleur. Cet article vous guide pas à pas.

Dyspareunie : de quoi parle-t-on ?

La dyspareunie correspond à une douleur superficielle (à l’entrée du vagin/vulve) ou profonde (pendant la pénétration, certaines positions ou après le rapport). Elle peut apparaître d’emblée (primaire) ou après une période de sexualité confortable (secondaire). Elle s’inscrit fréquemment dans une dynamique où les émotions (peur, appréhension), les pensées (anticipation d’échec), les comportements d’évitement et le contexte du couple s’influencent mutuellement : c’est ce que les approches TCC décrivent comme une boucle qui entretient le problème.

Certaines situations de santé (par exemple après cancer) augmentent la probabilité de dyspareunie, souvent en lien avec la lubrification, l’image du corps et les traitements : des travaux rapportent jusqu’à 38 % de dyspareunie chez les femmes concernées, avec d’autres effets (baisse du désir, difficultés d’orgasme). D’où l’intérêt d’un accompagnement spécialisé en complément du suivi oncologique.

Pourquoi la douleur s’installe-t-elle ?

La douleur sexuelle est multifactorielle. Elle peut être liée à des éléments organiques (infections, vestibulodynie, endométriose, sécheresse, suites d’accouchement ou d’intervention), mais aussi à des facteurs psychosexuels et relationnels : stress, anxiété, pression de performance, scénarios douloureux associés au passé, communication délicate dans le couple, etc. Les ouvrages de référence insistent sur une analyse fonctionnelle fine des facteurs déclenchants et de maintien pour éviter les fausses évidences et cibler les bonnes actions.

Parfois, la plainte douloureuse survient dans un contexte de trauma ancien ou récent (agression, violences sexuelles). Le lien n’est pas systématique, mais quand il existe, la prise en charge sera multimodale, incluant relaxation, techniques cognitives et comportementales, et, selon les cas, des approches comme l’hypnose.

Évaluation : poser des repères, pas des étiquettes

La première étape consiste à écouter la demande et préciser le symptôme : où ça fait mal, quand, dans quelles positions, avec quels effets sur l’envie et la relation ? Beaucoup de patientes arrivent avec un « diagnostic » trouvé en ligne ; il faut alors remettre de la clarté (désir ≠ plaisir ≠ orgasme), contextualiser et construire un langage commun autour des sensations.

Le/la thérapeute évite les raccourcis (par exemple : « douleur = forcément trauma ») et réalise une analyse fonctionnelle : déclencheurs, croyances associées, émotions, comportements d’évitement, et ressources existantes. On explore aussi l’histoire sexuelle, l’éducation reçue, l’image du corps, les modèles relationnels et la qualité de vie du couple. Cette prudence protège de conclusions hâtives et oriente des soins pertinents.

Enfin, un bilan médical est indispensable pour identifier ou exclure une cause organique et coordonner la suite (médecin traitant, gynécologue, sage-femme, dermatologue, kiné/physio). La sexothérapie intervient en complément.

Ce qui aide vraiment : une approche intégrative et progressive

1) Redonner de la sécurité au couple

La douleur appelle la prudence et parfois l’évitement ; le/la partenaire peut, de bonne foi, presser ou s’inquiéter, ce qui augmente la tension et la peur d’avoir mal. Les programmes TCC montrent qu’améliorer la communication (écoute, validation, demandes concrètes) et l’échange de renforçateurs (gestes, paroles, attentions) a un effet bénéfique sur la sexualité ; inversement, les exercices sexuels soutiennent la complicité.

Concrètement, on entraîne le couple à formuler des messages clairs, à pratiquer des micro-réparations (« je m’excuse, j’ai été brusque »), à valider l’émotion (« je comprends que tu appréhendes ») plutôt qu’à la discuter. Cette base relationnelle fait baisser la pression de performance et permet aux exercices corporels d’être efficaces.

2) Réapprendre le corps sans douleur : du “sensate focus” aux expositions graduées

Les exercices de sensate focus (exploration sensorielle sans objectif de pénétration ni d’orgasme) sont un pilier : ils relancent la curiosité, diminuent l’hypervigilance à la douleur et réassocient toucher/agréable. À cela s’ajoutent des expositions graduées (imagination, sous relaxation, puis in vivo) où l’on avance par étapes, en respectant les signaux du corps.

Selon les cas, des mesures pratiques complètent : lubrifiants/gels hydratants en cas d’irritation ou sécheresse, positions où la personne douloureuse garde le contrôle, rythmes plus lents, et, si besoin, exercices périnéaux (type Kegel) accompagnés par un·e professionnel·le formé·e.

3) Détendre le système : respiration, relaxation, pleine conscience

La douleur est amplifiée par la tension musculaire et l’anxiété. Les protocoles TCC intègrent relaxation, respiration, pleine conscience ; l’objectif est d’apprendre à rester dans la sensation sans se crisper ni fuir, tout en repérant les pensées automatiques (« ça va faire mal », « je ne suis pas normale ») pour les remplacer par des auto-instructions aidantes (« je me donne le temps », « j’écoute mon corps »).

4) Quand un trauma est en jeu

Si l’évaluation repère un événement traumatique lié à la sexualité (ancien ou récent), deux axes se combinent : cicatriser la plaie (travail spécifique sur les scènes traumatiques avec techniques adaptées) et développer des compétences actuelles (gestion de l’anxiété, des ruminations, affirmation de soi, habiletés conjugales). La progression se fait en douceur, dans une alliance sécurisante et pluridisciplinaire.

Ce qu’il faut éviter

  • Forcer ou « tenir malgré la douleur » : cela conditionne davantage l’évitement et la crainte anticipée. Mieux vaut stopper, respirer, revenir au sensoriel non douloureux.
  • Chercher « l’astuce miracle » sans analyse : la dyspareunie est multifactorielle ; un plan global est plus efficace que des essais isolés.
  • Silence dans le couple : l’autre n’est pas devin. Les couples qui s’en sortent parlent clairement, s’écoutent et se réparent vite après un accroc.

FAQ

La dyspareunie va-t-elle disparaître toute seule ?
Parfois oui si la cause est passagère (irritation, période de stress). Mais au-delà de quelques semaines, il est utile de consulter pour éviter l’installation de boucles d’évitement.

Et si j’ai vécu une agression sexuelle ?
Le lien avec la douleur n’est pas automatique, mais s’il existe, un parcours multimodal (thérapies TCC, relaxation, éventuellement hypnose/EMDR, travail du couple) est indiqué. L’objectif : sécurité, sens, compétences.

Dois-je arrêter toute sexualité ?
On évite la pénétration douloureuse, mais on conserve (ou réintroduit) des formes d’intimité non douloureuses pour nourrir le lien et le plaisir. C’est le cœur du sensate focus.

Quels produits utiliser ?
En cas de sécheresse/irritation, des gels hydratants/lubrifiants adaptés peuvent aider. Testez prudemment, et demandez conseil à votre professionnel·le de santé.

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