Quand le désir s’endort
Il arrive qu’au fil des années, la flamme s’essouffle.
Le désir se fait plus rare, les gestes deviennent mécaniques, et l’intimité laisse parfois place à la tendresse sans élan.
Cette baisse du désir sexuel, appelée hypoactivité sexuelle, n’est ni une faute ni une fatalité.
En sexologie psychosomatique, elle est comprise comme une rupture du lien entre le corps, le psychisme et l’imaginaire relationnel.
La sexothérapie aide à en décoder les causes et à relancer la circulation du plaisir.
Le désir, une énergie vivante et relationnelle
Le désir n’est pas qu’une pulsion biologique : il est relationnel et imaginaire.
Il naît de la rencontre entre trois forces :
- Le corps, siège des sensations et du plaisir.
- L’esprit, qui nourrit le rêve et la curiosité.
- Le lien à l’autre, où se joue la reconnaissance et la différence.
Lorsque l’un de ces éléments se fige — fatigue, stress, routine, blessure affective —, le désir se met en retrait.
Mais il ne disparaît jamais : il se déplace, en attente d’être réinvesti.
La lecture psychosomatique du désir
Selon la psychosomatique relationnelle (Sami-Ali, Mignot), le désir sexuel exprime la vitalité du lien imaginaire.
Quand le corps ne désire plus, il signale souvent un conflit intérieur :
“Je veux aimer, mais j’ai peur de me perdre.”
La perte de désir traduit alors une tension entre besoin de fusion et besoin de liberté.
Le travail thérapeutique aide à réconcilier ces deux forces pour retrouver un élan naturel vers l’autre.
Les causes fréquentes de la baisse du désir
Causes physiologiques
- Fatigue, dérèglement hormonal, ménopause, accouchement, traitements médicamenteux.
- Douleurs sexuelles (dyspareunie, vaginisme) qui créent une appréhension.
Causes psychologiques
- Stress, anxiété de performance, dépression, image corporelle altérée.
- Traumatisme sexuel ou culpabilité du plaisir.
Causes relationnelles
- Routine du couple, conflits non exprimés, fusion affective étouffante.
- Communication réduite à la logistique quotidienne, perte de jeu et de surprise.
Le rôle du sexologue : écouter, relier, réanimer
Le sexologue agit comme un passeur entre le corps et la parole.
Il aide à identifier ce que le manque de désir exprime : fatigue, colère, tristesse, peur du rejet ou besoin de renouveau.
Son accompagnement repose sur trois axes :
- Psychocorporel – Reconnexion aux sensations par le souffle, le toucher et la respiration.
- Émotionnel – Libération des affects retenus et des croyances limitantes.
- Relationnel – Réapprentissage du dialogue intime et de la séduction.
Le désir renaît souvent quand la parole et le corps recommencent à circuler.
Les approches thérapeutiques pour relancer le désir
Thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Elles permettent de sortir des schémas automatiques tels que :
“Je n’ai plus envie, donc c’est fini.”
“Si je n’ai pas de désir, je suis anormale.”
Le thérapeute propose :
- des exercices de sensate focus (redécouverte sensorielle),
- des expositions progressives au contact sans but sexuel,
- la reconstruction cognitive du plaisir et du droit au désir.
Approche psychosomatique relationnelle
Inspirée de Sami-Ali et Mignot, elle considère que le désir naît de la liberté imaginaire.
Lorsque la sexualité devient routine ou devoir, l’imaginaire s’étouffe.
La thérapie aide à :
- redonner au corps son rôle de médiateur du rêve,
- réhabiliter la fantaisie, le jeu et la lenteur,
- revisiter les représentations du plaisir et du féminin/masculin.
Thérapie de couple
Comme le montre François-Xavier Poudat, le travail de couple en TCC renforce les “comportements positifs” (caresses, compliments, gestes tendres) et réduit les “interactions aversives” (critiques, retrait).
Le thérapeute invite à :
- redéfinir l’intimité hors de la performance,
- valoriser les moments de complicité non sexuelle,
- instaurer des rituels d’attention et de jeu.
Le désir, entre sécurité et mystère
Le désir a besoin d’un double mouvement : la sécurité de l’attachement et la distance du mystère.
Le couple apprend à préserver un espace personnel, à cultiver la curiosité et à nourrir la différence.
C’est dans cette tension vivante que la flamme se rallume.
“L’amour demande la proximité, le désir réclame l’espace.” — Esther Perel
FAQ – Baisse du désir sexuel : les questions les plus fréquentes
1. Pourquoi ai-je moins de désir ?
La baisse du désir peut résulter de plusieurs facteurs : fatigue, stress, changements hormonaux, troubles émotionnels, conflits de couple ou simple routine. Le sexologue aide à en distinguer les causes physiologiques, psychologiques et relationnelles pour proposer un accompagnement global.
2. Est-ce normal de ne plus avoir envie de mon partenaire ?
Oui. Le désir fluctue naturellement au cours de la vie et des relations. Il ne traduit pas forcément une perte d’amour, mais souvent un besoin de réajuster le lien ou de raviver l’imaginaire érotique.
3. Combien de temps faut-il pour retrouver le désir ?
Chaque personne est unique. Certaines retrouvent un élan après quelques séances, d’autres ont besoin de plusieurs mois pour se reconnecter à leurs sensations.
Le facteur clé : la patience et la bienveillance envers soi-même.
4. Quels exercices peuvent aider à relancer la libido ?
Les plus efficaces sont :
- les exercices de respiration et de relaxation pour apaiser le mental ;
- les caresses sensorielles sans objectif sexuel ;
- les rendez-vous amoureux planifiés pour réintroduire le jeu et la nouveauté.
Le sexologue adapte ces pratiques selon votre histoire et votre couple.
5. Et si mon partenaire n’a pas envie non plus ?
La sexothérapie de couple permet d’aborder la situation sans culpabilité ni reproche.
Le but est de retrouver une complicité émotionnelle avant sexuelle, en rétablissant la communication et la curiosité mutuelle.
6. La baisse du désir est-elle un symptôme de dépression ?
Parfois, oui. La perte d’intérêt pour le plaisir peut accompagner un état dépressif ou anxieux.
Le sexologue oriente alors vers un suivi médical complémentaire pour une approche globale et coordonnée.
7. Est-ce que la sexothérapie remplace un traitement médical ?
Non. Elle le complète.
Le sexologue travaille en collaboration avec les médecins (gynécologue, urologue, endocrinologue) pour aborder la sexualité dans toutes ses dimensions : biologique, psychologique et relationnelle.
Rallumer la flamme, c’est rallumer la vie
Le désir n’est pas un bouton à activer mais un mouvement intérieur à réveiller.
Grâce à la sexothérapie, chacun peut retrouver la liberté de ressentir, d’imaginer, de jouer — et de désirer à nouveau.


